« La nouvelle guerre de l'eau aura-t-elle lieu ? »
La question de l’eau, sa propreté, sa distribution, sa retenue, est réglée en France depuis le XIXe siècle. Rien de tel en Asie, où des crues considérables font régulièrement des dizaines de milliers de morts. Le cri d’alarme du géographe Yves Lacoste. Qui n’hésite pas à mettre en cause ici les idées des écologistes. Entretien.
L’Histoire : Vous avez publié L’Eau des hommes et consacré un numéro de la revue Hérodote à la « Géopolitique de l’eau »1. Vous vous y interrogez sur les problèmes de l’eau comme géographe mais aussi comme historien. Quand s’inquiète-t-on, en France, de fournir de l’eau saine à la population ?
Yves Lacoste : Très tardivement. Dans les années 1770-1780, à Paris, on s’alimente encore largement en eau en puisant dans la Seine, véritable dépotoir de la ville. On emprunte à l’Angleterre les premières « pompes à feu » les toutes récentes machines à vapeur. Mais celles-ci sont construites en aval de la ville, près des quartiers riches, où s’établit la Compagnie des eaux, alors que les diverses déjections se déversent plus en amont.