Démocratie, je te hais !
La critique de la démocratie ne date pas d'aujourd'hui. A Athènes, au Ve siècle av. J.-C., on en dénonçait déjà les dérives : un gouvernement des médiocres, une tyrannie des démagogues qui vise à entretenir les pauvres aux frais des riches...
«Qu'elle était belle, la démocratie à Athènes ! » Cette idée si forte, qui a traversé le temps, omet que la démocratie athénienne n'a jamais été, comme on le dit souvent, le fruit d'un consensus. Elle faisait même l'objet d'oppositions farouches. Et ce même si son caractère était limité : les magistratures essentielles y furent toujours réservées aux gens aisés.
Les fondateurs ne s'y trompèrent pas, qui multiplièrent les garde-fous : serment des membres du Conseil de ne jamais rétablir la tyrannie, ostracisme qui permettait d'exiler sans justification tout individu qui paraissait à une majorité de citoyens dangereux pour la démocratie, clauses d'interdiction de la révision des lois. Autant de preuves que l'on craignait la remise en cause du régime.