De Bonald à Tocqueville, les maîtres a penser
La droite a eu ses théoriciens. Traditionalistes et contre-révolutionnaires comme Maistre ou Bonald, libéraux comme Tocqueville ou Benjamin Constant, monarchistes-ultranationalistes comme Maurras. Issus de courants différents, ils ont eu un point commun : celui de se lire dans le miroir que leur tendait la gauche.
On ne peut comprendre l'histoire intellectuelle de la droite si l'on ne tient pas compte de trois observations préalables. D'abord celle-ci : la droite a été, comme la gauche, marquée de façon irréversible par l'empreinte du siècle des Lumières. Les théoriciens de la Contre-Révolution ont en effet cherché à retourner contre la Révolution les concepts de citoyenneté et de droit qu'elle avait inventés. Ainsi, dès l'origine, par rapport à la gauche, la stratégie de la droite est fondamentalement « récupératrice ».
Seconde observation : la droite et la gauche se différencient moins par des idées que par une vision du monde. Des idées qui étaient d'abord de gauche sont passées à droite, et réciproquement : qu'il s'agisse du nationalisme*, de la notion de progrès, de l'idée coloniale, du pacifisme, de l'antisémitisme, du thème européen, les exemples de chassés-croisés idéologiques sont nombreux1.