Et si les services secrets français étaient responsables de l'affaire ?
L'affaire Dreyfus conserve encore une part de mystère : pourquoi Esterhazy, l'auteur du bordereau, a-t-il bénéficié si longtemps d'un « incompréhensible » soutien de la part des généraux ? Pourquoi le bordereau annonçait-il des renseignements sans grand intérêt pour l'état-major allemand ? Spécialiste d'histoire militaire, Jean Doise nous livre ici une hypothèse audacieuse : et si tout cela n'était en fait qu'une ténébreuse affaire d'« intox » montée par les services secrets français, et dont l'innocent Dreyfus aurait fait les frais ?
L "affaire Dreyfus garde encore au- I jourd'hui son mystère. S'il est établi que le capitaine juif condamné en 1894, gracié en 1899, et finalement réhabilité en 1906, est innocent, et s'il ne fait plus de doute pour personne - hormis quelques antidreyfusards aveuglés par la passion (cf. Marc Knobcl, p. 116) - que le bordereau accusateur a été écrit par le commandant Esterhazy, il demeure que celui-ci a joui, comme le rappelle son récent biographe Marcel Thomas, d'un «incompréhensible» soutien de la part de l'armée : « Comment ne pas [...] s'étonner de voir tant d'officiers supérieurs ou généraux lui prodiguer vingt années durant les éloges les plus flatteurs. [...] On ne peut croire qu 'ils aient été tous aveugles, ou stupides^ !»