Apprendre au temps des Lumières
Retrouvant l'esprit du XVIIIe siècle, les Arts et Métiers nous invitent à découvrir un modèle éducatif princier.
La comtesse de Genlis, née en 1746, incarne à merveille la femme instruite du XVIIIe siècle, nourrie au lait de l'Encyclopédie et soucieuse de participer au progrès et à l'amélioration de la société par l'éducation. Par chance, elle gagne les faveurs du duc de Chartres. Celui-ci lui confie ses enfants, dont le futur roi Louis-Philippe, qui l'honore jusqu'à sa mort en 1830. Elle veut pour les jeunes princes et princesses une éducation complète, qui associe à l'instruction traditionnelle les activités physiques et, plus original, les « arts et métiers ». Les élèves les découvrent en visitant des ateliers et des manufactures, mais aussi grâce à des maquettes, réalisées en 1783 par les frères Périer et François-Étienne Calla. Dans le même esprit que celui de Mme de Genlis, le Conservatoire, qui possède treize de ces maquettes, propose une exposition destinée au public le plus large.
On fait d'abord la connaissance de la famille d'Orléans et de Mme de Genlis, auteure reconnue (plus de 140 oeuvres), replacée dans cette bouillonnante seconde moitié du XVIIIe siècle qui voit la publication, en 1762, de l'Emile par Rousseau et des Conversations d'Émilie par Mme d'Épinay en 1774. La bibliothèque de l'Arsenal et le Musée national de l'Éducation ont prêté des ouvrages rares et des archives, comme le Journal des voyages que Mme de Genlis effectue en 1788 avec ses protégés au Mont-Saint-Michel, au port de Saint-Malo ou à l'arsenal de Cherbourg. Une harpe Cousineau illustre le goût de l'éminente gouvernante pour la musique en général et la pratique de la harpe en particulier, dont elle jouait dans les salons avant son mariage.
La deuxième partie présente dix maquettes : atelier de menuiserie, modèles liés à la chimie (laboratoire, distillateur d'eau-forte), aux arts du métal et à la céramique. Pour les jeunes visiteurs, jeux, manipulations ou petits films animent la visite : réaliser une marqueterie, comprendre l'impression par l'eau-forte, expérimenter des mécanismes de serrurerie, suivre les étapes de préparation d'une assiette en porcelaine...
La dernière partie, qui s'intéresse au modèle en tant qu'objet d'enseignement, hier et aujourd'hui, se déploie dans un ludique « jardin de savoirs », écho aux sorties que Mme de Genlis affectionnait tout comme sa pratique de la botanique.
Top modèles. Une leçon princière au XVIIIe siècle jusqu'au 7 mars 2021 au Conservatoire national des arts et métiers, Paris.