Fallait-il fusiller Brasillach ?
Le 6 février 1945, l'écrivain Robert Brasillach est passé par les armes au fort de Montrouge. Il avait été condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi - ce que son avocat appelait une « collaboration sentimentale ». Son cas a bouleversé le monde des lettres, profondément divisé par ces nouvelles interrogations : les idées sont-elles aussi criminelles que des actes ? Faut-il fusiller les intellectuels ?
Au moment des combats de la Libération, Roger Martin du Gard, auteur des Thibault, est réfugié à Roquefort-par-Corn, dans le Lot. Sa grande souffrance reste la coexistence avec sa femme Hélène, « plus à cran que jamais. Sombre, re-vêche, le visage tourmenté, se fâchant pour rien, remâchant toute sa litanie de griefs »K Le journal posthume de Martin du Gard nous ramène à la complexité des sentiments humains : le monde entier n'a d'yeux, sans doute, que pour la progression des Alliés débarqués le 6 juin 1944 sur la terre de France, mais chacun, fût-on prix Nobel de littérature, continue à survivre avec ce que Malraux appelle son «misérable petit tas de secrets ».
Le 18 août, Hélène fait une chute de bicyclette ; elle est hospitalisée à Figeac.