François fejtö : nostalgie d'un pays perdu
La France est ce pays heureux que tant de talents exilés ont enrichi sur un décret du cœur. L'accent trahit parfois leurs origines. François Fejtô est de ceux-là. Auteur d'un classique, « Histoire des démocraties populaires », il a raconté à Michel Winock son itinéraire de Juif hongrois converti au catholicisme puis au marxisme, avant de rejoindre la France.
La Hongrie n'est plus tout à fait une démocratie populaire comme les autres. Les amateurs de courses automobiles le savent depuis cet été : pour la première fois, les monstres de la « formule 1 », purs produits de la concurrence capitaliste, ont fait entendre leurs rugissements sur les rives du Danube, à la demande du gouvernement Kadar. A peu près au même moment, un autre événement, certes moins visible mais peut-être plus étonnant, attestait l'originalité hongroise : la publication par le journal littéraire Kritika d'une interview-fleuve (pas moins de treize pages serrées !) de l'ancien « renégat » François Fejtô, universellement connu pour son Histoire des Démocraties populaires, peu suspect de sympathie pour l'URSS et les régimes communistes imposés par Staline en Europe après la dernière guerre.