Guerre biologique : l'ancien et le nouveau
Dès le Moyen Age, les cadavres de pestiférés servaient à contaminer l'eau des puits. Le grand tournant a lieu après la Première Guerre mondiale, quand les puissances commencent à prendre très au sérieux l'arme biologique. Inaugurant des programmes de recherche qui continuent d'être développés aujourd'hui. Dans le plus grand secret.
Lors de la guerre que Français et Anglais se livrèrent pour le contrôle de l'Amérique du Nord-Est, entre 1754 et 1767, les Français avaient contracté des alliances avec des tribus indiennes. Des officiers britanniques imaginèrent une jolie ruse de guerre : ils offrirent à des Indiens des couvertures qui avaient enveloppé le corps de malades atteints de la variole. La cause de la maladie n'était pas connue, mais on la savait transmissible. L'opération réussit : des épidémies se déclarèrent dans de nombreuses tribus de l'Ohio. Certaines furent décimées à 50 %.
C'est l'un des premiers exemples avérés d'emploi de l'arme biologique par une armée en guerre. A en juger par une lettre d'un officier britannique, il s'y ajoutait une dimension génocidaire : « Vous tenterez certes de contaminer les Indiens à l'aide de couvertures, mais n'hésitez pas à user de n'importe quelles méthodes pour nous débarrasser de cette race exécrable1. »