Gyp, une « réactionnaire » émancipée sous la IIIe République
Voici juste cent ans, une revue frivole, La Vie parisienne, commençait à publier les œuvres légères et parfois scandaieuses d'une certaine Gyp. Ses Mémoires retiennent aujourd'hui l'attention par les multiples renseignements qu'ils donnent sur les personnalités marquantes de la IIIe République.
Gabrielle Sibille de Riquetti de Mirabeau naquit le 16 août 1849 au château de Coetsal à Plumergat (Morbihan), fille de Arundel, petit-fils de « Mirabeau-Tonneau » [1], et de Marie de Gonneville. Ses parents se séparèrent alors qu'elle avait trois ans, et la mère et la fille revinrent alors vivre dans la famille maternelle à Nancy. La prise de conscience d'une situation familiale anormale, alors très rare dans la bonne société, perturba profondément l'enfant. Son père, qu'elle revit plusieurs fois avant qu'il ne mourût en 1860 dans l'armée « pontificale » de Lamoricière [2], et son grand-père le colonel de Gonneville développèrent en outre dans son inconscient un autre regret lancinant, celui de n'être pas un garçon.