Havas et ses petits secrets
Havas, privatisée, regarde l'avenir avec confiance. En participant à la création du Groupe de la Cité, second éditeur national, l'Agence vient de réussir une affaire superbe, qui permet aux observateurs de relancer la question devenue classique : Havas est-elle la monstrueuse pieuvre avide d'engloutir tout ce oui passe à portée de ses tentacules, ou l'héroïque défenseur des intérêts français face aux convoitises étrangères ? Sa privatisation résulte-t-elle des seules circonstances politiques ou est-elle le fruit d'une stratégie de longue date ? L'Agence reste, en tout cas, discrète sur son histoire.
Léon Blum l'appelait la « servante-maîtresse » de la presse. Elle a plus de cent cinquante ans, emploie 16 000 personnes, réalise un chiffre d'affaires cumulé de 20 milliards de francs et comprend 98 sociétés. La « pieuvre » étend ses activités à tous les médias, de la traditionnelle régie de la presse régionale aux magazines, annuaires et imprimés gratuits ; de l'affichage à la télématique, en passant par la radio, la télévision et le cinéma. Premier groupe français de publicité avec sa filiale Eurocom (dont elle possède 45 %), Havas est aussi, malgré ses deux échecs lors de la reprise de la 5e chaîne et de celle de TF1, l'un des principaux acteurs dans le remodelage du paysage audiovisuel français : elle a 25 °?o de Canal Plus et 30 % d'Audiofina, société holding de la Compagnie luxembourgeoise de télévision (CLT), qui détient elle-même 25 % du capital de la nouvelle 6e chaîne, M6. Havas est enfin le premier groupe français de tourisme.