L'érosion du passé
A Orléans, une opération immobilière, au pied de la cathédrale, a effacé des vestiges archéologiques uniques. Dans la région d'Abbeville, l'extraction du gravier élimine à tout jamais des sites préhistoriques. La France semble accepter les mutilations comme un prix à payer au progrès. Faut-il laisser détruire la matière même de notre histoire demandent deux archéologues, Jean Chapelot et Alain Schnapp.
Qu'est-ce que le passé ? Textes, monuments, objets, souvenirs, voilà ce qui le constitue. Ces catégories se recoupent : un texte c'est d'abord un support, et un monument n'est qu'un objet plus immobile que d'autres. Restent les souvenirs. Sans supports matériels, ils constituent cette part fragile du passé que les hommes se répètent les uns les autres pendant des siècles. L'histoire depuis qu'elle s'est lentement organisée en corporation s'est donné les moyens non seulement d'étudier les documents qui constituent le passé mais aussi et surtout de les conserver.
Le bric-à-brac de l'histoire