La crue du Nil : religion et géographie
Le Nil, source de toute vie, avec ses inondations régulières, est au cœur de la civilisation égyptienne. Ce phénomène essentiel, qui marque toute l'histoire du pays jusqu'à la construction des premiers barrages au xixe siècle et celle d'Assouan à l'époque de Nasser, est resté longtemps incompréhensible. Il a fasciné les Anciens qui en donnaient une explication tantôt symbolique et religieuse, tantôt géographique et physique.
Hérodote l'a dit : « L'Egypte est un don du fleuve. » La formule a souvent été entendue dans un sens symbolique alors que l'historien grec décrivait une réalité physique. L'Egypte antique n'existe bien, en effet, que par le Nil qui assure la fertilité du pays et impose à ses habitants le rythme d'un phénomène à la fois banal par sa répétition et exceptionnel : la crue. Exceptionnel pour deux raisons qui n'ont cessé d'étonner les Anciens.
En premier lieu, le Nil déborde en été, au moment où tous les autres fleuves méditerranéens connaissent leurs basses eaux, quand ils ne sont pas complètement à sec. Or rien ne semble justifier un tel fait puisqu'il ne pleut pas davantage en cette saison en Egypte, bien au contraire.