La fin de la banlieue rouge
Saint-Denis, Saint-Ouen, Ivry, Aubervilliers... La banlieue rouge est en train de mourir. Les ouvriers la désertent, remplacés peu à peu par des chômeurs, ou par des immigrés qui ne votent pas. Aux élections régionales de mars 1992, le parti communiste, talonné par le Front national, n'y a souvent recueilli que moins du tiers des voix. Voici le récit de cette décomposition, et le rappel des « temps héroïques ». Quand la ceinture révolutionnaire faisait peur aux bourgeois.
Historique, l'effondrement électoral du parti communiste depuis une douzaine d'années l'est à l'évidence, si l'on se rappelle que le parti dont Georges Marchais a salué la remontée aux dernières élections régionales de mars 1992 (8%) recueillait plus de 20 % des voix avant 1981. Il résiste un peu mieux dans ses places fortes de la proche banlieue parisienne, mais son recul y est flagrant : les listes d'union de la gauche qu'il y conduit traditionnellement régressent souvent de plus de vingt points entre les élections municipales de 1977 et celles de 1989 : Saint-Denis, la ville phare de la banlieue rouge, leur accorde 54,4 %, contre 90 % ; Ivry 78,6 contre... 100 % (aucune liste concurrente n'avait pu s'y constituer en 1977).