La grippe espagnole submerge la France
En avril 1918, dans une France en guerre, une nouvelle menace se profile à l’horizon : une épidémie de grippe qui, bientôt, va tout submerger. Comment les Français ont-ils vécu cette tragédie dans la tragédie ? Pierre Darmon a consulté les archives. Elles permettent de suivre l’évolution d’un fléau qui, avec l’irruption de la pneumonie atypique, ou SRAS, semble n’avoir rien perdu de son actualité.
En février 1916, un médecin-major, le Dr Carnot, observait à Marseille une « épidémie spéciale de pneumococcie » ayant « éclaté chez les travailleurs annamites avec une gravité considérable »1. Comment, en pleine hécatombe par le feu, aurait-on pu se douter que cette sorte de pneumonie atypique, bientôt aiguillonnée par la grippe dite « espagnole », allait concurrencer la guerre dans ses funestes effets !
Si Carnot ne donnait aucune précision chiffrée sur la mortalité qui s’ensuivait, il précisait que, dans certains centres hospitaliers, elle s’était élevée à 50 %. Au fil des mois, le pneumocoque des Annamites allait conquérir la place par infiltration lente.
Dijon, novembre 1916 : 39 Annamites sont touchés par une pneumonie identique. Trois d’entre eux décèdent.