La république des catholiques
Au second tour de l'élection présidentielle de 1995, un catholique sur quatre a donné son suffrage à Lionel Jospin. Peut-être la fin d'une longue tradition qui, pendant des décennies, a vu coïncider le vote conservateur et la pratique religieuse.
Lorsque Raymond Poincaré devint président du Conseil, en janvier 1912, la droite catholique accueillit favorablement ce Lorrain modéré, s'imaginant qu'il reprendrait, après le long épisode du Bloc des Gauches, une politique à la Méline réaffirmant, comme en 1896, cet « esprit nouveau » qui rompait avec l'anticléricalisme des gouvernements républicains.
Du côté socialiste, Jaurès observait avec inquiétude la formation du nouveau ministère. «Sous Méline, disait-il, le parti radical était capable de résister, il luttait, il acceptait d'être dans l'opposition. Maintenant le radicalisme lassé se soumet. C'est avec une force silencieuse, insinuante, pénétrante, que le conservatisme envahira la République bourgeoise1. »