La révolte de Pierre Poujade
Le « poujadisme » est devenu un mot commun de notre vie politique. Mais qu'était, au juste, le mouvement de Pierre Poujade ? Simple révolte d'« épiciers »? Néo-fascisme ? Derniers soubresauts d'une ancienne France ? Ce fut en tout cas l'histoire pleine de saveur d'un fort en gueuie dans iequei bien des Français se sont reconnus.
Il a suffi qu'un prurit électoral ait saisi M. Coluche pour que surgisse chez des journalistes pressés et dans quelque état-major de parti inquiet le qualificatif passe-partout, usé jusqu'à la trame mais si présent encore dans la mémoire collective : « poujadiste ! » Qu'on se rassure. Nous ne tenterons pas ici un parallèle artificiel entre les deux hérauts du « Ils sont tous pourris ! » M. Poujade lui-même, aujourd'hui propriétaire terrien et aubergiste en Aveyron, président de l'ANUREF (Association nationale pour l'utilisation des ressources et énergies françaises), croisé de l'agro-carburant et du topinambour français face au pétrole arabe, a tenu à soigneusement démarquer son action passée et ses ambitions politiques - toujours vives - du « phénomène de show business » qu'est selon lui le « coluchisme » [1].