La révolution n'aura pas lieu
L'échec de Mai jette le désarroi parmi les leaders gauchistes. Ce sont surtout les «maos» qui ramassent la mise. Une poignée de militants, divisés et exaltés, permettent à l'illusion révolutionnaire de survivre. Jusqu'à l'attentat anti-israélien de Munich, en 1972.
ls n'ont pas eu le temps de penser. Qu'ils se nomment Alain Krivine, Alain Geismar, Jean-Louis Péninou, Benny Lévy ou même Daniel Cohn-Bendit (cf. P. Rotman, p. 42 et l'encadré « Portraits de familles », p. 46), pour se maintenir aux avant-postes, ils ont foncé sans se retourner. Les « cadres » du printemps des barricades ont réussi l'étonnant exploit de fournir à un corps nerveux et narcissique l'ébauche d'un bulbe rachidien - un centre informe, bricolé, qui assurait néanmoins les deux fonctions vitales immédiatement nécessaires : respiration et circulation. Mais ils se jetaient dans l'action sans savoir ce qui leur arrivait.