La Saint-Barthélemy : religion et barbarie
La nuit du 24 août 1572 est restée dans les mémoires comme un épisode caractéristique de ces guerres civiles : la barbarie s'y est donnée libre cours, au nom de la religion. Comment expliquer cette étonnante confusion entre la pire violence et le sentiment du sacré ? Analyse d'atrocités commises au nom de Dieu, qui trouvent aujourd'hui un écho en Algérie et ailleurs.
L'HISTOIRE : Les guerres de Religion se sont étendues sur près de quatre décennies. Ont-elles opposé, comme on l'imagine spontanément, une France protestante à une France catholique ? DENIS CROUZET : On a, en effet, tendance à voir dans les guerres de Religion une opposition tranchée entre catholiques et calvinistes. Celle-ci vaut pour les premières guerres, qui débutent en 1562, au cours desquelles il y a effectivement une tentative de prise de contrôle de l'État royal par le protestantisme. Mais, après la Saint-Barthélemy qui marque en 1572 le paroxysme de cet affrontement entre communautés, ce sont des guerres entre catholiques, les « exclusivistes » qui deviendront les ligueurs d'une part et ceux que l'on va, après 1580, nommer les Politiques de l'autre, ces derniers, favorables à la conciliation au nom de l'intérêt de l'État, soutenus par la minorité protestante.