La sorcière, le diable et l'inquisiteur
Un chaudron dans une main, un balai dans l'autre, accompagnée d'un chat noir, embrassant le diable : l'image occidentale de la sorcière - et du sorcier - est une invention de la fin du Moyen Age. Comment et pourquoi les juges de l'Église et des princes en sont-ils venus à fabriquer cet ennemi imaginaire ?
L'Histoire : Qu'appelle-t-on chasse aux sorcières ? Comment cela a-t-il commencé ?
Martine Ostorero : Avant tout, cette expression n'est pas médiévale. On l'utilise aujourd'hui pour désigner un processus de dénonciation et de stigmatisation d'une personne ou d'un groupe désigné comme ennemi public ou déviant, afin de l'exclure du corps social. La chasse aux sorcières est d'abord un mécanisme de délation, qui a la particularité d'être pris en charge par la justice. Comme le but est de traquer un groupe clandestin (en fait imaginaire), chaque inculpé est interrogé pour dénoncer ses prétendus complices. C'est ainsi que les documents judiciaires comportent souvent des listes de noms de personnes dénoncées qui servent ensuite à mener des enquêtes pour obtenir d'autres dénonciations. Ce sont de véritables instruments de travail : certains noms ont été biffés, d'autres ajoutés.