L'armée française était-elle antisémite ?
Des ministres de la Guerre qui se sont succédé tout au long de l'Affaire jusqu'aux plus modestes soldats apposant leur signature au bas du monument Henry, tous en sont persuadés : Dreyfus est coupable. L'antisémitisme a bien fait des ravages dans l'armée française, pourtant fidèle aux valeurs de la république. Comment en est-on arrivé là ?
Pour les plus hauts responsables de l'armée française, la chose ne fait aucun doute : Dreyfus est coupable. C'est la conviction des ministres de la Guerre qui se sont succédé tout au long de l'Affaire. Le général Mercier l'affirme : «Le capitaine Dreyfus a commis une trahison » ; le général Billot s'exclame à son tour : « En mon âme et conscience de soldat et chef de l'armée, Dreyfus est coupable, Dreyfus est un traître ! » ; plus tard, le général Cavaignac déclare : «Je demeure convaincu de la culpabilité de Dreyfus», tout comme le général Zurlinden qui avoue que « l'étude approfondie du dossier judiciaire de Dreyfus [l'a] convaincu de sa culpabilité » ; le général Chanoine enfin explique : « Respectueux de la chose jugée, j'ai le droit d'avoir mon opinion, elle est la même que celle de mes prédécesseurs. »