L'aventure des libertins
«Libertin»... Le mot paraît désuet aujourd'hui. On se représente un play boy quelque peu dépravé, indifférent à tout sauf à son plaisir. Au xvir siècle, se vouloir libertin, c'est d'abord affirmer une manière non conformiste de vivre et de penser. Malheur à qui se voit convaincu de libertinage.
COMBIEN étaient-ils à Paris dans les années 1620? Vingt mille, selon le Père Beurrier, qui se pendait à leurs basques pour les convertir. Cinquante mille, renchérit le Père Mersenne, qui en fréquenta quelques-uns. Im-possible d'avancer un chiffre plus précis: les libertins ne portent aucun signe extérieur permettant de les reconnaître; ils font tout, au contraire, pour passer inaperçus. Ceux du moins qui appartiennent à la bourgeoisie, car la noblesse a moins de raisons de se cacher. S'ils pensent différemment, ils vivent donc, pour la plupart, dans un total conformisme avec leur siècle.