Le capitaine chez madame Verdurin

Mme Verdurin, qui est dreyfusarde, reçoit le colonel Picquart, Clemenceau et l'avocat d'Emile Zola. Mais son ascension mondaine s'en trouve retardée d'autant. Si l'on en croit Proust, l'Affaire introduit la guerre jusque dans l'univers feutré des salons parisiens. La réalité est pourtant un peu moins manichéenne.

A la fin du xixc siècle, le salon tient encore une place considérable dans l'existence des gens aisés : l'épouse du notaire de province a son « jour », comme la grande dame du faubourg Saint-Germain. A la frivolité fastueuse des salons aristocratiques s'oppose le prestige intellectuel des salons littéraires et politiques. Or, pour la plus anodine comme pour la plus reconnue de ces réunions mondaines, l'Affaire a été l'occasion d'un vrai bouleversement social. Quelques hôtesses illustres ont dominé cette « guerre » des salons. A l'époque, celui de la princesse Mathilde. cousine de Napoléon III, n'avait pas entièrement perdu sa réputation de « fabrique d'académiciens ». Le jeune Marcel Proust a fait ses débuts mondains chez Mme Strauss, veuve de Bizet, remariée à l'avocat des Rothschild.

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