Le cas Dumézil
Georges Dumézil a donné ses lettres de noblesse à l'hypothèse indo-européenne. On lui a, pour cette raison, souvent reproché d'avoir des sympathies pour l'extrême droite. Qu'en est-il exactement ?
En affirmant se désintéresser de l'usage qui pouvait être fait de ses ouvrages mais, dans le même temps, en répétant que ce qu'il « [entrevoyait] du monde indo-européen [lui] aurait fait horreur »', Georges Dumézil donna à certains l'impression de ne pas vouloir désavouer franchement les tentatives de récupération de ses travaux par l'extrême droite.
D ailleurs, faut-il parler de récupération ou plutôt de lecture, c'est-à-dire d'appropriation d'un sens qui serait dans les textes ? Cette question est celle que formulaient le grand helléniste italien Arnoldo Momi-gliano et, plus récemment, l'historien Carlo Ginzburg, italien lui aussi2. L'un comme l'autre s'appuyaient pour cela sur le livre de Dumézil, paru en 1939, Mythes et dieux des Germains.