Le chercheur d'os et l'historien
Comment savoir ce que mangeaient les Français du Moyen Age ? Dans les dépotoirs des abbayes ou des châteaux dorment des millions de déchets osseux, - une vertèbre de porc ou un tibia d'oiseau peuvent remettre en cause bien des idées reçues. A condition de savoir les analyser !
Est-ce leur banalité, est-ce leur caractère de déchet ou le dégoût qu'il leur arrive d'ins-, pirer, qui condamne les ossements animaux à l'indifférence ? Ignorés des historiens, souvent trop délaissés par les archéologues au profit de matières d'apparence plus « gratifiante », les ossements animaux n ont pas encore trouvé place dans la recherche historique. On les évoque pour l'anecdote, mais jamais encore on n'a pris les moyens de recueillir et d'exploiter ce que ces pièces à conviction révèlent.
Jusqu'ici, l'histoire de l'alimentation, de la chasse, de l'élevage, de l'environnement, s'est surtout fondée sur les enseignements incomplets des textes. Et, de l'aveu des historiens, ces champs de recherche restent, en bien des endroits, hors d'atteinte. L'évocation des animaux, maîtres-acteurs de la vie des hommes qu'ils menacent, défendent, servent, vêtent, nourrissent, y est bien souvent trop rapide, déséquilibrée, simplifiée.