Le magot des paysans
En 1587, autour de Lisieux, ce n’est pas du pain mais de l’argent que l’on distribue aux pauvres des paroisses. Durant l’Ancien Régime, en effet, la monnaie servait bien, jusque dans les campagnes les plus profondes, aux règlements quotidiens. Deux récents colloques et un livre le démontrent avec force.
L’étude de la monnaie a longtemps été le domaine réservé des numismates. Elle suscite désormais le vif intérêt des historiens, comme en témoignent notamment deux récents colloques1. Et la circulation monétaire apparaît comme un élément essentiel dans la connaissance de la vie économique et sociale du monde rural, en France, sous l’Ancien Régime.
Contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, l’argent-monnaie ne s’échangeait pas alors exclusivement en circuit fermé au sein des élites nobles et ecclésiastiques, bourgeoises et citadines : on le retrouve aux mains du peuple des campagnes. Couramment utilisée, de bronze, d’argent et d’or, la monnaie servait aux règlements les plus quotidiens comme aux transactions importantes2.
En 1587, on ne distribue pas de pain aux pauvres des paroisses autour de Lisieux, mais des deniers . Même les plus humbles sont intégrés dans un circuit d’échange qui nécessite l’argent : la monnaie n’est plus une marchandise.