Le Vatican, les papes et la censure
Depuis toujours la censure a été un moyen de protéger l'ordre établi des idées subversives. Le problème est encore plus aigu pour les religions. Car les vérités à protéger sont d'ordre surnaturel: les déformer, c'est donc commettre un sacrilège. On sait à quels excès peut conduire le zèle pour maintenir l'intégrité de la foi. Ce zèle de la censure religieuse, on le retrouve à l'œuvre, dès l'origine, dans la «mise à l'Index» par l'Eglise catholique d'écrits dits hérétiques ou douteux. Dans nos sociétés laïques d'aujourd'hui, la liberté est laissée à chacun de suivre ou non les avis de l'Eglise.
.L/'histoire est née avec l'écrit, et c'est par l'écrit que se fait l'histoire. Principal moyen de conservation et de diffusion des idées jusqu'au xxe siècle, le livre a toujours été considéré comme l'arme idéologique la plus efficace et son contrôle comme un impératif absolu dans toutes les sociétés. La censure fut de tout temps un instrument d'autodéfense du corps social et politique, un moyen de perpétuer l'ordre établi, de protéger la communauté contre les idées subversives et les erreurs dissolvantes. Si elle fut et reste un attribut indispensable des gouvernements laïcs autoritaires et des dictatures de tous ordres, les démocraties n'en sont pas totalement exemptées, comme le prouve l'interdiction actuelle d'ouvrages prônant l'euthanasie par exemple. Car la censure est l'antibiotique de la société ; plus celle-ci est fragile, plus elle a besoin de cette médecine forte ; en revanche, plus elle est saine et plus elle peut laisser jouer ses propres mécanismes immunitaires.