Les Américains, spectateurs engagés
« Si les États-Unis n'entrent pas en guerre à très brève échéance, le destin du monde va changer »... Ce 14 juin, en pleine débâcle, le chef du gouvernement français, Paul Reynaud, vient de lancer l'appel de la dernière chance. En vain. Le président Roosevelt refuse d'engager son pays dans la « guerre des autres ». Pourtant l'opinion américaine ne reste pas insensible au drame européen. Au point que son isolationnisme traditionnel en est ébranlé.
De la mi-mai à la mi-juin 1940, la Grande-Bretagne et la France adressent aux États-Unis des appels au secours. Venant tout juste d'accéder aux fonctions de Premier ministre, Winston Churchill écrit à Franklin Roosevelt : « Tout ce que je demande à présent, c'est que vous proclamiez l'état de non-belligérance. Cela voudrait dire que vous nous aiderez de toutes les manières, à l'exception d'un engagement réel des forces armées. » Le télégramme du président du Conseil Paul Reynaud, le 10 juin, alors que « l'ennemi est [...] aux portes de Paris », est encore plus dramatique : « Nous lutterons en avant de Paris. Nous lutterons en arrière de Paris.