Les artistes, le peuple et l'Art nouveau
Dans les dernières années du xix6 siècle, l'Europe entière est gagnée par un mouvement artistique dont les préoccupations sont à la fois esthétiques et sociales : l'Art nouveau, qui doit concilier le beau et l'utile.
«Le Tout-Paris des gobages a défilé, de-Wmpuis hier soir, rue Chauchat ... » Ainsi débute l'article que Le Figaro du 28 décembre 1895 consacre à l'inauguration du magasin de l'antiquaire Siegfried Bing à l'enseigne de l'« Art nouveau ». Dans son Journal, Edmond de Goncourt est encore plus sévère : le 30 décembre 1895, il stigmatise les « rigides feuilles de tôles », les étoffes «couleur caca d'oie» et «bleu pisseux», des meubles qui évoquent le «lavabo d'un dentiste des environs de la morgue » ou les « chauffoirs pour établissement de bains ». D'où sa conclusion narquoise : «Et le Parisien coucherait dans cette chambre, entre ces deux chaises épouvantant le goût, dans ce lit, qui est un matelas posé sur une pierre tombale ! »