Les démons familiers de jacques le goff
« L histoire des objets, je l'ai découverte devant une vieille lampe à gaz. » « L'imaginaire contemporain continue de fonctionner selon des modèles médiévaux. » Toulonnais métissé de Breton, ennemi du soleil, Jacques Le Goff revient constamment sur les liens entre son expérience personnelle, intime, enfantine, et sa fonction d'historien.
Tous les professeurs, dit-on, vivent entourés de livres ... Mais ce qui frappe d'emblée lorsqu'on pénètre dans le bureau de Jacques Le Goff, c'est la façon dont ils sont rangés. Plus exactement, dérangés. Certaines reliures échappent ostensiblement à l'alignement ordinaire et leurs couvertures font face au long bureau de l'historien, lui aussi encombré d'autres livres, de papiers et de dizaines de pipes. On devine presque aussitôt que ce désordre obéit à une cohérence seulement perceptible à celui qui travaille ici - surtout la nuit - à sa prochaine biographie de Saint Louis. « Ma bibliothèque ?, s'exclame Jacques Le Goff lorsqu'on s'étonne de son arrangement peu commun, une escorte de livres que je regarde et qui me regardent pendant que je travaille. » La réponse est belle. A l'instant, elle fait basculer le visiteur dans l'univers de l'imaginaire dont le co-directeur des Annales s'est fait une spécialité (cf.