Les dangers de la vertu
Les pays du Sud de 1 Europe, qui connaissent linflation, le chômage et le travail au noir, sont soumis à l'ordre moral de ceux du Nord, vertueux défenseurs de la stabilité monétaire. Pourtant, s'indigne Jacques Marseille, professeur d'histoire économique à la Sorbonne, il n'y a pas de nécessité, pas de voie royale, pas de « meilleur des mondes ». Réquisitoire contre une pensée « européenne » « totalitaire ».
Depuis qu il est devenu impossible de penser l'économie en termes de rivalité entre le « bien » et le « mal », entre capitalisme et socialisme, les moralistes, qui sont légion parmi ceux qui conduisent les politiques gouvernementales, ont eu besoin d'inventer des anges et des démons pour faire croire que l'enfer et le paradis avaient encore un avenir. On le mesure assez dans le processus de passage à la monnaie unique où les critères de convergence, apparemment techniques, traduisent en fait deux représentations morales de l'économie de marché : d'un côté le vice, de l'autre la vertu.