Les grands peintres étaient-ils des enfants prodiges ?
De « merveilleux » dessins griffonnes sur des cahiers d'écolier, de purs chefs-d'œuvres créés sans aucune notion des règles de l'art. Voilà ce qu'auraient réalisé, dès leurs plus jeunes années, Giotto, ou Michel-Ange, enfants-prodiges de la peinture. Une exposition à la Bibliothèque nationale présente aujourd'hui les premières productions d'artistes célèbres. Ytrouvera-t-on l'explication de leur génie?*
En rassemblant dans une belle exposition tout un ensemble d'œuvres d'enfance et de prime jeunesse de savants, d'écrivains et de peintres parmi les plus fameux du monde, de Pascal à Rimbaud et à Picasso, la Bibliothèque nationale répond à l'intérêt si répandu chez nos contemporains - mais, comme on va le voir, déjà fort ancien - pour le « printemps des génies ». Le désir est vif, en effet, de pénétrer le mystère d'un pouvoir créateur exceptionnel et apparemment inexplicable, ("est cette idée qu'exprime l'antique notion de « génie », celle d'un don divin, ou du moins surnaturel, échappant aux processus habituels d'apprentissage qui sont le lot du commun des mortels. Chez l'adulte, les effets de ce don se conjuguent à ceux de l'expérience et de la culture, tandis que chez l'enfant, ils semblent se manifester de façon innée. Telle est du moins la conviction sur laquelle repose un des thèmes les plus anciens de l'histoire de l'art occidental : celui de l'enfant prodige.