Les prisonniers de Sainte-Pélagie
Sous la monarchie de Juillet c'est dans l'enceinte de la prison de Sainte-Pélagie que se retrouvaient les opposants républicains et légitimistes au régime de Louis-Philippe. Ils y bénéficiaient d'un statut particulier. Les archives de l'administration et les témoignages des détenus nous renseignent sur cet établissement hors du commun, où furent réunis les acteurs de la révolution de 1848.
Sainte-Pélagie ! Pendant toute la monarchie de Juillet (1830-1848), ce nom fut synonyme de répression politique. C'est, en effet, dans cette prison, délimitée par les rues de la Clef, du Puits-de-l'Ermite, du Battoir et Copeau, à peu près à l'emplacement de l'actuelle mosquée de Paris, que les hommes politiques condamnés pour délit d'opinion étaient alors enfermés.
On y trouvait, cote a cote, républicains et royalistes, révolutionnaires et légitimistes1, ceux qui venaient d'être chassés du pouvoir par une révolution et ceux qui allaient y accéder - pour peu de temps - grâce à une autre. Tel fut un des paradoxes de ce règne, « coincé » entre les journées de juillet 1830 et celles de février 1848, contraint d'affronter deux oppositions qui lui livraient une lutte à mort (cf. repères chronologiques, p. 43).