Les sans-culottes et les filles de joie
Les filles de joie comptaient sur la Révolution pour améliorer leur sort... Jean-Paul Bertaud a lu dans leurs interrogatoires le récit de leurs malheurs. Avec la Terreur commençait le règne de la vertu.
LA gorge découverte, la tête haute, le visage enluminé, l'oeil aussi hardi que le bras », elles sont, dans la France révolutionnaire, des milliers à poursuivre les passants « dans la boue et en bas de soie ». Quelle place leur donner dans la cité nouvelle ?
« Bouisses », « marcheuses », « daussières », « bourdons » ou « barboteuses », ce sont celles qui, pour trois sous ou trois livres, attirent les clients dans les galetas des faubourgs. Que le loyer augmente ou que les « passes » soient rares, les voilà obligées de chercher dans les églises un refuge pour dormir. A Paris, à Saint-Jacques de la Boucherie, le prêtre, le matin, les chasse des confessionnaux. Le soir venu, les prostituées hantent les jardins publics qui entourent le Palais-Royal. Sur les quais, derrière les billes de bois, la garde les surprend «en posture d'un mauvais commerce ».