Les troubles de mémoire 1944-1988
Les «révisionnistes» allemands ont porté sur la place publique un débat qui émeut l'opinion : Faut-il réhabiliter la Wehrmacht qui fit l'impossible en 1944-1945 pour résister à l'Armée rouge ? Faut-il mettre sur le même plan les deux totalitarismes: nazisme et communisme ? Faut-il enfin utiliser l'histoire pour déculpabiliser le peuple allemand vis-à-vis du génocide juif et permettre à la RFA de retrouver une identité nationale ?
JT ait significatif, la querelle des historiens (Historikerstreit) a été lancée par le plus grand philosophe allemand vivant, Jùrgen Habermas, qui est de surcroît un « intellectuel de gauche » engagé. Sa célébrité mais aussi le ton très polémique de son article ne sont sans doute pas étrangers à l'écho que ce dernier rencontra lors de sa publication dans Die Zeit1 du 11 juillet 1986. Cependant, sa qualité de philosophe indique d'emblée que la querelle déborde et le cadre allemand - même si les Allemands sont les premiers concernés - et celui, fût-il très large, de ce qu'on entend par « histoire ». La querelle des historiens pose, en effet, des questions universelles. Nous en distinguerons, un peu arbitrairement, trois. 1) Le débat sur le génocide juif tourne autour de « ce qui s'est passé » et du « pourquoi cela s'est passé », mais aussi autour du « que fallait-il faire ? » et donc, implicitement, du « pouvait-on faire autrement ?