L'escargot appartient-il a dieu ou au diable ?
Les hommes du Moyen Age se faisaient des animaux une idée différente de la nôtre. Ils les affublaient de qualités morales. Dans leur imaginaire, l'escargot occupe une place à part, parce qu'ambiguë : est-il bon ou mauvais ? Appartient-il à Dieu ou au Diable ? La réponse de deux spécialistes du bestiaire médiéval, qui viennent de publier un ouvrage sur ce sujet.
Le Moyen Age a prêté une attention particulière au monde animal. Compagnons de la demeure ou du labeur, bêtes sauvages peuplant les forêts, les animaux appartiennent alors au quotidien de l'homme. L'époque les croyait aussi affublés de qualités morales semblables à celles des humains. Chaque être vivant s'inscrivait dans une vision symbolique du monde. L'escargot s'est à ce titre offert à la spéculation des clercs, qui s'efforcent de lui trouver une place dans le bestiaire médiéval : est-il bon ou mauvais ? Appartient-il à Dieu ou au Diable ?
Les encyclopédistes du xmc siècle le voient comme un ver appartenant à la catégorie de ce qui se traîne. Sa nature est molle, mais sa bave, épaisse et glissante, se durcit à la chaleur du soleil et forme sa coquille. Cet antagonisme entre le dur et le mou confère à l'escargot une réputation d'animal ambigu à la consistance paradoxale et incertaine - on le croit d'ailleurs soluble sous l'action de l'urine et du sel.