L'escrime : art de tuer et art de vivre
De l'escrime, où s'illustrent aujourd'hui encore nos champions olympiques, on connaît la botte de Nevers ou les exploits des Trois Mousquetaires. Ce qu'on sait moins, c'est que cet art de tuer fut aussi, au xvne siècle, un art de vivre destiné à discipliner une noblesse querelleuse et brutale.
Le 30 avnl 1524, le chevalier Bayard est tué d'un coup d'arquebuse tiré par un soldat anonyme, ignorant l'identité de sa victime. Avec lui meurt l'idéal du combat chevaleresque favorisant l'affrontement des vertus, des honneurs et des valeurs individuels. Invincible l'épée à la main, Bayard ne peut rien contre le mortel hasard de la rencontre avec une balle ennemie.
Toutefois, à mesure que sa suprématie est contestée sur les champs de bataille, l'épée envahit l'espace civil. A la cour et à la ville, les rapières* finement ouvragées et richement ornées se portent avec élégance. Les maîtres d'armes formés à l'école italienne enseignent aux gentilshommes l'art de s'en servir en disciplinant leur corps et leur esprit.