L'inquisiteur et les « mauvais chrétiens »
Au temps de l'Inquisition, à Tolède, c'est le collègue de travail, le voisin ou J'ami qui dénonçaient les «nouveaux chrétiens» marranes et morisques qui continuaient à respecter clandestinement ies iois juives et musulmanes. Telle est la vérité qui se dégage des procès conservés aux Archives de Madrid.
NOUS sommes à Tolède au début du xvr siècle, ville perchée sur une haute colline peuplée de chrétiens mais aussi de familles juives et musulmanes converties, dont les très lointains ancêtres, bousculés jadis sur les routes du monde oriental, se sont installés, les uns comme exilés de Jérusalem, les autres comme conquérants, à Cordoue, à Tolède, à Grenade ou ailleurs... Pendant environ deux siècles, ces différentes communautés religieuses vécurent côte à côte une vie harmonieuse, sans heurts notoires. Des ministres juifs qui savaient tous l'arabe, servaient de lien entre les États chrétiens et musulmans. Une création littéraire et artistique de haute valeur, un épanouissement de la philosophie et des sciences s'ensuivirent.