
Activité sociale partagée

Histoire, Guillaume Mazeau, Anamosa, 2020, 104 p., 9 €.
C’était une gageure : après tant de grands livres consacrés à l’épistémologie, à la méthodologie et la pédagogie de l’histoire, que dire de neuf dans le format réduit de la collection « Le mot est faible » des éditions Anamosa ?
Spécialiste de la mémoire de la révolution française, acteur engagé des débats publics sur les usages de l’histoire, conseiller de Joël Pommerat pour sa pièce Ça ira (Fin de Louis), Guillaume Mazeau s’en sort bien. En renonçant à proposer une théorie de la discipline, mais en considérant que le goût de l’histoire est une « activité sociale partagée » (et pas un savoir réservé aux historiens), l’auteur se concentre sur l’actualité de ces dernières années, qu’il tente d’observer à de multiples échelles, depuis les fêtes de village du Cotentin jusqu’aux manuels scolaires japonais.
Tout en réfutant les utilisations de l’histoire à des fins identitaires, il évite de ressasser la condamnation des publicistes par les savants et plaide pour une histoire alliant l’esprit critique des historiens et l’inventivité des appropriations publiques.