Vercors, refuge intime

Ma forteresse. Journal du Vercors, Antoine de Baecque, Paulsen, 2022, 292 p., 19,90 €.

Antoine de Baecque a rechaussé ses godillots pour arpenter les sentiers d’altitude. Un mois à sillonner seul le massif du Vercors. Une randonnée des souvenirs.

Ceux, enfouis, des vacances de sa jeunesse et de son adolescence retrouvés un peu par hasard après le décès de son père. Conservés sur des cahiers rangés dans le placard d’un appartement familial, les balades, les choses vues, les chemins parcourus, les altitudes atteintes, les animaux entrevus se précisent à mesure que l’auteur retrouve leurs traces sur les plateaux, au pied des falaises, au détour d’une vire.

Ceux aussi des maquisards qui, après la défaite de 1940, ont investi le Vercors pour se préparer longuement au moment où ils devront affronter l’occupant. Ils se tiennent prêts. Mais à partir de janvier 1944, et plus encore en juillet 1944, ce sont les troupes allemandes qui donnent l’assaut. Les maquisards résistent, repoussant tant qu’ils peuvent les assaillants. Face au nombre, ils cèdent. De plaques commémoratives en lieux de combat, Antoine de Baecque parcourt ce Vercors résistant. L’historien s’amuse même à plonger dans des failles temporelles où le retrouve par exemple assistant en juillet 1944 à la dernière entrevue entre Simon Nora et Jean Prévost quelques heures avant que ce dernier ne soit fauché par une mitrailleuse allemande.

Pour l’historien comme pour les résistants, le Vercors, massif au relief de falaises, de crêtes, de vaux, de gorges, s’est longtemps apparenté à un refuge. Leur refuge.