L'Orénoque et les conquérants de l'impossible
A la fin du xvnr siècle, le bassin de l'Orénoque commence à s'ouvrir aux voyageurs scientifiques. Mais chaque expédition est une aventure. Et il faut attendre les années 1950 pour que l'on parvienne enfin aux sources de cette rivière inconnue.
DEPUIS l'époque de la conquête de l'amérique, les Espagnols avaient fait tomber un rideau infranchissable sur leurs colonies du Nouveau Monde. Comme le reste de l'Amazonie, le bassin de l'Orénoque, qui couvre une grande partie de l'actuel Venezuela et de la Colombie (cf. cartes), était totalement fermé aux savants-voyageurs. Jusqu'à la fin du xvnr siècle, les seules motivations des explorateurs étaient la quête du mythique Eldorado ou la détermination des limites entre les possessions espagnoles et portugaises. Deux mille cinq cents kilomètres de longueur, avec un delta maritime grand comme la Belgique, l'Orénoque est un fleuve colossal. Certains de ses affluents, comme le Meta ou le Ca-roni, ont un débit comparable à celui du Danube. Il naît à mille mètres d'altitude dans les montagnes de la Pa-rima, prolongement du bouclier guyanais, le plus vieux relief du monde.