Machiavel, l'inquiétude en héritage
On a trop longtemps réduit Machiavel à ce petit tas de ruses qui permet aux puissants d'assurer leur pouvoir. Pourtant son héritage est peut-être l'un des legs les plus précieux de la Renaissance : une pensée de l'inquiétude et du désenchantement.
L'éclat de la Renaissance* italienne ne fut-il qu'une illusion chatoyante et cruelle ? La splendeur ordonnée des villes et l'apaisante rationalité des palais de leurs princes, la solennité d'un latin réinventé pour en chanter la gloire comme l'impeccable géométrie des perspectives* peintes qu'on plaçait devant leurs yeux : tout ceci revêtait une promesse d'immortalité et de puissance. Elle fut trahie d'un coup, dans le fracas des armes de la furia francese qui s'abattit sur la Péninsule à la fin du quattrocento , inaugurant ce que les historiens appellent les Guerres* d'Italie.