Paradoxe de l'égyptomanie
Le succès de l'exposition «Mémoires d'Egypte», qui vient de fermer ses portes, l'a prouvé: en France, l'égyptologie se vend bien. Le monde des initiés est cependant partagé entre une autosatisfaction lénifiante et le doute sur l'avenir de l'égyptologie.
L'année Champollion vient de s'achever, dans une véritable profusion commémorative. Dès 1988, Jean Lacouture avait publié une grande biographie du découvreur de hiéroglyphes1. L'égyptologue Michel Dewachter nous a, quant à lui, donné à lire un petit livre d'une remarquable rigueur2. Les grands ouvrages - souvent posthumes - de Champollion ont connu de luxueuses rééditions : en témoignent la Grammaire égyptienne (Paris, Institut d'Orient, 1984), le Panthéon égyptien (Paris, Persea, 1986) ou les Monuments de VÉgypte et de la Nubie (Paris, Robert Laffont, 1990). L'expédition d'Égypte, enfin, a suscité de nombreux ouvrages, tout comme l'appropriation de la civilisation pharaonique par l'imaginaire européen3.