Claude Mossé ou la Grèce au coeur
A seize ans, en pleine guerre mondiale, Claude Mossé a été bouleversée par la lecture d'un texte de Démosthène, éloge de la liberté et de la démocratie. Elle a depuis consacré sa vie à l'histoire grecque.
Il s'est passé quelque chose dans la vie de Claude Mossé, un jour d'hiver de l'année 1941. Ce matin-là, comme tant d'autres, la brillante élève du lycée Jules- Ferry ouvre ses livres. « Étude d'un texte de Démosthène » , lance le professeur de grec. Les Philippiques , exactement. On le lit. Dans la salle, une adoles-cente s'est figée, les yeux sur le texte, dans lequel l'auteur harangue le peuple au nom de la démocratie.
Cette vibrante apologie des libertés provoque un déclic : dehors, les uniformes allemands sillonnent les rues, et la famille Mossé, d'origine juive, craint une dénonciation. « Imaginez ce que ce texte pouvait représenter alors , se souvient Claude Mossé. Il a décidé de ma vie. » Elle a tout juste seize ans.