Pourquoi les Français se sont convertis à la publicité
Une grande exposition au Centre Pompidou le rappelle : art et publicité ont toujours fait bon ménage dans notre pays. Une seule raison à cette alliance: les Français, résolument hostiles à toute «réclame», n'ont d'abord admis la publicité que sous une forme esthétique*.
L'art et la publicité ont toujours entretenu, en France, des rapports privilégiés. Et, parmi toutes les formes qu'a revêtues la « réclame », c'est l'affiche qui, dès l'origine, a le mieux incarné cette rencontre.
Jules Chéret (1836-1932) a été le premier artisan de cette osmose. Quand il ouvre son imprimerie en 1866, la lithographie parisienne produit déjà pour la publicité (encore à ses débuts) des affiches de couleur, conçues par des peintres - le maître de ce nouveau genre étant Jean-Louis Meissonier (1815-1891). Chéret rompt avec le fignolage maniéré de ce dernier. Dès ses premières œuvres, qui datent de 1867 (affiches pour le bal Valentino et pour un spectacle de Sarah Bernhardt), il utilise des couleurs franches et des oppositions de ton qui provoquent un choc visuel. En 1900, quand il décide de se consacrer à la peinture, Chéret a déjà composé des centaines d'affiches et en a imprimé des milliers.