Quand la République s'apprenait au tableau noir
Après la défaite de Sedan et la chute du Second Empire, la France adopte un nouveau régime : la république, troisième du nom. Pour les législateurs, une chose est sûre : l'enracinement du régime républicain passe par son enseignement, dès l'école primaire. Mais comment apprendre aux enfants l'idéal républicain ?
Souvent, elle était là, en personne, au-dessus de la chaire, entre la carte murale et le tableau du système métrique, encadrée des moulures de plâtre qui servaient au dessin. Couronnée de lauriers sur sa console haute, à la place où jadis était le crucifix, elle présidait à l'enseignement. Les maîtres d'école la montraient-ils aux élèves, en lui donnant son nom de famille, La République, ou son prénom, Marianne ? La chose est improbable, et en tout cas absente des témoignages laissés par les instituteurs sur leur enseignement1. Une des institutrices, qui répondit en 1897 à l'enquête de Francisque Sarcey dans les Annales, raconte le blâme que lui infligea un inspecteur : ses bambins - six ans - ne savaient ni définir la République, ni, du buste qu'ils avaient tous les jours sous les yeux, dire autre chose que : « C'est une femme. »