Une minute pour le silence
Dans la rue, les écoles, à l'Assemblée nationale, depuis plus de cent ans, la pratique vient rythmer, dans le monde entier, la commémoration des catastrophes.
Contenir le temps du deuil, en limiter la durée pour contrôler ses effets, est une préoccupation constante des pouvoirs. Ils peuvent chercher à encadrer les effusions bruyantes du chagrin, mais aussi à politiser le silence du recueillement. En exigeant, à l'occasion d'événements traumatisants ou de leur commémoration, qu'on observe une minute de silence, ils instaurent un double laïque de la prière intérieure, exposant publiquement et simultanément la capacité d'une communauté humaine à se mettre au diapason d'une émotion collective.