Instituteur en Kabylie
Lucien Cordel débarque dans une bourgade misérable de basse Kabylie en 1921. Il y découvre le délabrement, la misère et la maladie. Lui et ses collègues instituteurs heurtent de front aussi bien le conservatisme de la société coloniale que la méfiance des populations locales. Il n'est pas sûr que ces missionnaires de la pédagogie et de la modernité aient été remplacés dans les campagnes algériennes.
L'école républicaine est exportée en Algérie à la fin du XIXe siècle avec l'intention d'entreprendre la « conquête morale » des indigènes. « Il faut intérioriser notre civilisation, la faire descendre dans l'âme indigène », préconise Jeanmaire, le recteur de l'université d'Alger. Et les textes initiateurs stipulent en 1890 : « La France n'entend point faire des Arabes des sujets résignés, mais des citoyens qui acceptent son autorité. » Il s'agit donc d'émanciper les indigènes des forces archaïques qui les maintiennent dans la misère et dans l'ignorance, et de les intégrer dans la cité républicaine.
Or, jusqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’« enseignement spécial pour les indigènes » se heurte au double refus des colons et des colonisés.