La montre-bracelet de l'officier
C'est avec la Grande Guerre que la montre-bracelet devient un accessoire masculin et se démocratise. Il faut pouvoir coordonner les attaques, monter à l'assaut, à l'heure prévue, dans un mouvement simultané sur toute la ligne du front.
Parmi les multiples bouleversements introduits par la guerre, la manière dont les contemporains, combattants ou civils, font une expérience nouvelle du temps - ce qu'on appelle par commodité le « temps de la guerre »[1] - est souvent négligée par rapport à d'autres expériences comme la violence physique ou le danger. Pourtant, à travers leurs correspondances, leurs journaux personnels ou leurs souvenirs, nombreux sont ceux à avoir témoigné de la désorientation temporelle qu'une entrée en guerre impose à celles et ceux qui en font l'expérience, suivie d'autres épreuves à mesure que le conflit s'installe dans la durée : l'attente des nouvelles des siens, l'ennui, l'angoisse - autant de sensations presque physiques d'un temps qui ne s'écoule plus « comme avant ». Ce sont les « heures longues », que Colette choisit de prendre pour titre de ses chroniques publiées d'août 1914 à novembre 1917.