La Révolution couronne François Furet
On imagine mal Ihostilité que François Furet a déclenchée dans les années soixante-dix, au temps de l'Union de la gauche, lorsqu'il a publié «La Révolution française». Soupçonné de connivence droitière et de sympathie excessive pour les Américains, l'ancien président de l'Ecole des hautes études en sciences sociales offrait aux zélotes le profil d'un social-traître. Avec le recul, il semble bien que François Furet ait anticipé l'évolution des idées en France. Voici son portrait réalisé par Jean-Maurice de Montremy.
A A a Révolution française est >> terminée. » François Furet, alors âgé de cinquante et un ^^?ans, ouvrait par cette affirmation, en 1978, un livre qui fit date et sans lequel le Bicentenaire de 1789 n'aurait pas sa couleur très particulière. Penser la Révolution française prenait ainsi, en effet, l'exact contrepoint de l'affirmation fameuse de Clemenceau, selon qui, en 1891, «cette admirable révolution n'est pas terminée », mais ouvre, au contraire, un héroïque et perpétuel présent républicain. Un mythe fondateur s'effondrait donc. Déjà contesté pour l'approche peu conformiste qu'il avait développée, de 1963 à 1965, dans La Révolution française, avec Denis Richet, le tout nouveau président (1977-1985) de l'École des hautes études en sciences sociales, elle-même en délicatesse avec l'Université, aggravait son cas.