Le casse-tête de l'identité française
« L'identité de la France ? » « Le mot m'a séduit, mais n'a cessé, des années durant, de me hanter », avoue Fernand Braudel. Nous n'avons pas voulu clore ce numéro spécial « Mille ans d'une nation », sans tenter de répondre à cette question. En allant recueillir les avis de Pierre Chaunu, Marcel Gauchet, Yves Lacoste et Jean Tu lard.
Le lecteur de ce numéro constatera que le casse-tête de l'identité française joue, chez la plupart des historiens, le rôle de la chère vieille ligne bleue des Vosges : pensons-y toujours, mais n'en parlons jamais. Et si nous en parlons, multiplions les conditionnels !
Dans ses dernières reflexions sur L'Identité de la France1, Fernand Braudel a voulu relever le défi. Il s'en excuse d'ailleurs dès le début, au premier volume : « Le mot m'a séduit, mais n'a cessé, des années durant, de me hanter. » D'évoquer alors Lucien Febvre (1878-1956), le cofondateur des Annales, à qui Braudel succède au Collège de France en 1949. Lucien Febvre qui est mort sans avoir pu mettre en œuvre une Histoire de France, à l'instar de Michelet, hanté, au terme de sa carrière, par cette France qu'il n'avait cessé d'imaginer, de raconter, d'inventer et d'évoquer.